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Mot de passe oublié ?

La médecine est en pleine mutation

et la crise économique va en accélérer les modalités.

On peut par exemple penser que le Père Noà«l reste sourd aux demandes d'une centaine de maires qui attendaient de lui un miracle : l'installation d'un nouveau médecin dans leur commune pour succéder à  celui qui a pris définitivement sa retraite avant-hier, 1er janvier.

La CARMF qui publie ses statistiques au 1er juillet de chaque année nous dira combien de praticiens ont définitivement « dévissé » leur plaque dans la nuit de la Saint-Sylvestre, combien le feront au 30 juin, combien cumuleront quelque temps encore leur retraite avec un exercice à  temps partiel. Mais 2012 aura sûrement consacré. le début de la vraie spirale infernale de la démédicalisation des territoires avec le départ des classes d'âge de l'immédiat après-guerre dont je fais partie.

Plus de la moitié des médecins partent après 65 ans - ce qui laisse un sursis transitoire - mais si les prochaines années ressemblent à  celle-là , ce seront autant de drames dans les villes et villages désormais orphelins de leur docteur.

Un médecin généraliste qui s'en va, c'est - chaque fois - une patientèle de 700 à  1 500 personnes déboussolées car le plus proche médecin est parfois à  plusieurs kilomètres, le plus souvent déjà  débordé et « ne prenant plus de nouveaux patients », en tout cas pas les personnes âgées que le prédécesseur allait encore visiter à  domicile.

Le problème est donc triple :

-* - il est d'abord comptable : il va falloir s'inscrire durablement dans une perspective de 2 à  3 départs non remplacés pour une arrivée pendant une dizaine d'années, voire plus rapidement encore en médecine générale, spécialité la plus touchée. Le phénomène est général et n'épargne plus guère que les centres-villes ou les banlieues cossues. Il va donc falloir urgemment imaginer comment aider les orphelins de médecin-traitant à  en trouver un autre. Aux débuts de ce nouveau statut, certaines caisses avaient ouvert un numéro vert à  ceux de leurs affiliés qui rencontraient des difficultés à  se faire héberger sur une liste !

-* - il est ensuite sociologique : les études de l'Ordre nous en amènent une démonstration régulière mais il est aujourd'hui avéré que les jeunes diplômés sont en rupture culturelle définitive avec leurs aînés. La meilleure analyse sur le sujet est signée d'une sociologue, Anne-Chantal Hardy qui l'exprime dans les colonnes du Médecin de France la revue de la CSMF. Il faut donc travailler avec les juniors les voies et moyens de leur entrée dans la vie active, au-delà  du dogme irraisonnable de la « maison de santé pour tous ». Et s'il faut en passer par le salariat à  35 heures, au diable la doctrine libérale. Et tant pis si le maire connaît un douloureux réveil financier, la santé est au nombre des investissements dont ses concitoyens lui sauront gré. Il faudra aussi que ses électeurs ne lui tiennent pas grief de n'avoir pu recruter que dans les effectifs de médecins étrangers ; ceux-ci, qui font aujourd'hui « tourner » les hôpitaux périphériques, ont raison de monnayer de la sorte leur régularisation civique et professionnelle ;

-* - il est enfin organisationnel : le tarissement des vocations libérales met aussi en évidence les vraies failles du système. Elles sont sans doute moins dans la ressource humaine - après tout SOS Médecins ne rencontre pas de difficulté à  recruter même dans des départementaux ruraux - que dans le modèle d'organisation mis en oeuvre : on va voir se valoriser le rôle du pharmacien, seul « vrai professionnel de proximité » dans beaucoup de communes, s'organiser les urgences ambulatoires de jour, se cultiver la coordination et les transferts de tâches entre professionnels de premier recours (médecins/infirmière au premier chef), entre l'hôpital et la ville, se réorganiser un « parcours » de soins aujourd'hui encore virtuel et médicalement, socialement inefficient.

Sans doute cette ambition qui s'affirme de la tutelle suppose-t-elle une clarification des rôles, ne serait-ce que sur le point-clé d'affecter la responsabilité de la « gestion du risque », et :ou de la PDS aux ARS ou à  la CNAMTS, mais le flou actuel est durablement préjudiciable à  l'efficacité.

Souhaitons donc que 2012 soit enfin une année syndicalement utile, sans faux-semblants. A vous tous d'y prendre part.

Michel HANAU



      Date de rédaction : 3 janvier 2012 8 h 44

      Date de modification : 3 janvier 2012 20 h 44 min

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